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Désinfectant pour les mains : avec ou sans alcool ?

L'hygiène des mains est l'une des principales méthodes de lutte contre des infections. C'est au 19e siècle qu'a été reconnu son rôle essentiel dans la prévention des infections en milieu hospitalier, avant même que l’on identifie celui des micro-organismes dans la propagation des maladies.

Nous savons depuis plus d'un siècle que les micro-organismes (bactéries, virus, champignons, protozoaires, vers parasites, etc.) peuvent être transmis via des mains infectées, mais les pratiques actuelles en matière d'hygiène des mains ne sont malheureusement pas optimales, même dans le monde médical. 

De plus, l’apparition de nouveaux médicaments tels que les antibiotiques a donné au public au faux sentiment de sécurité. D'après des études effectuées en milieu hospitalier, les recommandations en matière d'hygiène des mains ne seraient respectées qu'à seulement 50%. Et le personnel médical aurait également une certaine réticence à utiliser les désinfectants pour les mains à base d'alcool, car il douterait de son efficacité par rapport au savon antiseptique.

Au début des années 2000, les préoccupations croissantes concernant la résistance aux antibiotiques ont conduit à mettre l'accent sur les mesures d'hygiène pour empêcher les infections. En 2009, l'OMS a ainsi lancé l'initiative  « SAUVEZ DES VIES : pratiquez l’hygiène des mains » pour promouvoir l'hygiène des mains dans les établissements médicaux. Cette initiative a mené à l'élaboration des recommandations « Cinq indications sur l'hygiène des mains » et comprenait des instructions de production de désinfectant pour les mains à base d'alcool pour stériliser les mains en l'absence de savon et d'eau.

De nombreuses enquêtes effectuées auprès du grand public ont montré le faible niveau de sensibilisation à l'hygiène des mains, en particulier après une utilisation des toilettes. En effet, d'après une étude d'Initial de 2015, moins de 50 % des personnes se lavent les mains après avoir utilisé les toilettes. Une étude d'observation des préparateurs alimentaires a également découvert que seulement 14 % respectaient les bonnes pratiques d'hygiène dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments.

Pandémie de COVID-19 et hygiène des mains

Aujourd'hui, plus d'un an après le début de la pandémie de COVID-19, le monde entier a conscience du rôle déterminant de l'hygiène des mains pour endiguer la propagation du coronavirus. L'OMS et les gouvernements ont énormément communiqué sur la nécessité de se laver régulièrement les mains pour prévenir la transmission par les surfaces contaminées et les personnes infectées. Pour rappel : les gouttelettes respiratoires potentiellement infectées sont émises lorsqu'une personne expire de l'air de son système respiratoire pour respirer, parler, tousser, éternuer, chanter et crier. Après une véritable explosion de la demande de tous types de désinfectants pour les mains en 2020, ces produits sont désormais omniprésents à l'entrée des bâtiments et dans les maisons. Dans le monde entier, des distilleries ont même contribué à la production de désinfectants pour les mains, tout comme des industries chimiques, des parfumeries et des brasseries, afin de répondre à la demande et faire face aux pénuries dans des secteurs critiques. En février 2020, les recherches des termes « désinfectant pour les mains » ont été multipliées par 100 lorsque les entreprises et les lorsque les entreprises et les particuliers ont voulu faire des stocks.

Faut-il se laver ou se frotter les mains ?

individu se lavant les mains avec du savon

Le lavage des mains avec du savon et de l'eau, en utilisant la technique adéquate pendant 20 secondes, demeure la méthode de lavage des mains la plus employée. Elle est recommandée par l'OMS et toutes les autorités sanitaires nationales. En effet, l'action du savon, de l'eau et du frottement de chaque partie de vos mains pendant 20 secondes permet de détacher la saleté, puis de capturer les micro-organismes cutanés transitoires dans la mousse. L'étape de rinçage évacue ensuite la saleté et les micro-organismes dans le lavabo.

Les virus enveloppés tels que celui de la grippe (Orthomyxoviridae) et les coronavirus (Coronaviridae) disposent d'une enveloppe extérieure de la forme d'une capsule. Celle-ci est composée d'une bicouche lipidique et d'un grand nombre de protéines. Les molécules de savon possèdent des extrémités hydrophiles, attirées par l'eau, et des extrémités lipidophiles, attirées par les lipides comme ceux de l'enveloppe d'un virus. Cette interaction chimique permet aux savons de briser l'enveloppe de ces virus et de les neutraliser.

Un lavage des mains trop fréquent peut être néfaste pour la peau et y provoquer des fissures qui abritent les micro-organismes et font empirer les coupures. Une peau sèche et irritée peut également peler et ainsi propager tous les germes qu'elle contient. Les mains sont plus susceptibles d'héberger des bactéries, vivant sur les couches superficielles de la peau, que des virus, ne pouvant rester viables longtemps en dehors d'une cellule vivante. Mais les virus peuvent être transmis par des mains qui ont été en contact avec le nez ou la bouche, par des gouttelettes projetées dans l'air ambiant ou par des surfaces contaminées.

Lorsqu'il n'est pas pratique ou possible de se laver les mains avec du savon et de l'eau, les produits de désinfection des mains sont une bonne alternative. Disponibles sous diverses formes et compositions, nous allons passer en revue les différences et avantages de chaque produit :

Désinfectants pour les mains à base d'alcool

Depuis longtemps, il est reconnu que les désinfectants pour les mains à base d'alcool ont un effet antimicrobien plus puissant que celui des savons antiseptiques couramment utilisés dans les établissements de santé. Leur facilité d'utilisation incite également à un plus grand respect des bonnes pratiques d'hygiène.

Lorsqu’ils contiennent les niveaux recommandés d'alcool, les désinfectants pour les mains permettent d'éliminer efficacement les virus enveloppés tels que le Zika, l'Ebola ou les coronavirus (SARS, MERS). Une étude a récemment démontré que le SARS-CoV-2 était inactivé par les formules de désinfectant de l'OMS, mais également que l'éthanol était efficace avec une concentration minimale de 30 % et une exposition minimale de 30 secondes. Par contre, la grippe H1N1 et l'hépatite C sont plus résistantes que les autres virus enveloppés, et les virus non enveloppés tels que le norovirus, le poliovirus et l'adénovirus présentent une résistance bien supérieure aux désinfectants pour les mains à base d'alcool.

En comparant l'exposition répétée à un désinfectant à base d'alcool et à un détergent pendant plusieurs jours, il a été constaté que le désinfectant à base d'alcool provoquait moins d'irritations cutanées et de perturbations de la barrière cutanée. L'alcool contenu dans les désinfectants pour les mains peut toutefois provoquer un dessèchement de la peau en cas d'utilisation fréquente, c'est pourquoi on y ajoute des humectants (qui retiennent l'humidité) ou des revitalisants pour la peau. La glycérine est ainsi l'humectant le plus couramment utilisé dans les désinfectants et les produits cosmétiques. Plus on en ajoute, plus l'effet est important ! Mais il faut trouver le juste équilibre entre son impact sur l'efficacité, la texture et les propriétés humectantes du désinfectant pour les mains. Des concentrations trop élevées ralentissent le temps de séchage du produit et lui confèrent une texture collante, surtout en cas d'utilisation répétée.

La plupart d'entre nous ont déjà testé les différentes formules de désinfectant pour les mains à base d'alcool mises à disposition à l'entrée des supermarchés et autres commerces. Certains sont très liquides, dégoulinent sur les mains et autour du dispositif de désinfection et s'évaporent rapidement, tandis que d'autres sont collants et laissent un résidu sale sur les mains. Cela est dû aux différentes quantités d'humectant et de gel. Les désinfectants liquides restent généralement moins longtemps sur les mains, ce qui les rend moins efficaces. Mais c’est avant tout la glycérine qui réduit l'activité antimicrobienne de l'alcool contenu dans le désinfectant pour les mains. La première formule proposée par l'OMS était basée sur une concentration de 1,45 %, mais il s'est avéré qu'elle n'offrait pas une protection suffisante. La concentration de glycérine a ensuite été réduite de moitié, ce qui a permis de respecter les normes d'efficacité (EN12791) en matière d'activité antimicrobienne tout en protégeant la peau de l'effet desséchant de l'alcool.

Le danger de l'intoxication alcoolique

L'augmentation de l'utilisation de désinfectants pour les mains à base d'alcool a également entraîné une forte hausse des intoxications alcooliques dans de nombreux pays. En octobre 2020, l'Institut national des sciences toxicologiques et médico-légales d'Espagne a ainsi signalé 874 cas d'intoxication par des gels hydroalcooliques, dont les deux tiers concernaient de jeunes enfants qui en avaient bu, inhalé ou reçu dans les yeux. Au Royaume-Uni, 398 cas d'empoisonnement ont été signalés en 2020 au service national d'information sur les poisons, soit une augmentation de 157 % par rapport à 2019.

Aux États-Unis, en Arizona et au Nouveau-Mexique, 15 personnes ont été hospitalisées en mai et juin dernier pour empoisonnement au méthanol après avoir ingéré du désinfectant pour les mains contaminées. La FDA (administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments) a ainsi rappelé 100 désinfectants pour les mains provenant du Mexique. Dans la république russe de Sakha, sept participants à une fête sont décédés et deux sont tombées dans le coma après avoir consommé  du désinfectant pour les mains parce qu'ils étaient à court d'alcool. Le désinfectant pour les mains contenait 69 % de méthanol, une substance dont l’ingestion peut être mortelle à partir de 30 ml ou entraîner la cécité à partir de seulement 5 à 10 ml !

Les désinfectants pour les mains sans alcool

Père déposant du gel nettoyant dans les mains de son enfant

Les désinfectants sans alcool ne sont pas aussi connus que ceux à base d'alcool. Aux États-Unis, la FDA recommande ainsi d'utiliser uniquement des produits à base d’alcool (éthanol et alcool isopropylique). Les règles de la FDA « ne couvrent pas l'utilisation d'autres ingrédients actifs ou inactifs qui ne sont pas mentionnés dans le guide pour une utilisation dans les désinfectants pour les mains ». Et malheureusement ces règles n'ont pas été mises à jour depuis la pandémie !

Cependant, il est prouvé que d'autres composés sont efficaces, non seulement contre les bactéries, les virus et les champignons les plus connus (avant la pandémie), mais également contre les coronavirus, dont le SRAS-CoV-2. L'UE dispose ainsi de plusieurs normes pour tester l'efficacité des désinfectants pour les mains (appelés produits de friction pour les mains) contre les bactéries, les virus, les levures, les spores fongiques et les mycobactéries. Les produits de désinfections de mains sans alcool peuvent donc être testés en laboratoire et commercialisés légalement avec des allégations d'efficacité. Le règlement européen REACH concernant l'utilisation des produits chimiques ménagers et industriels est ainsi entré en vigueur en 2007.

Les composés d'ammonium quaternaire, notamment le chlorure de benzalkonium (appelés quats ou QAT) et la chlorhexidine, sont des composés qui possèdent de bonnes propriétés antimicrobiennes. Ils sont largement utilisés comme désinfectants ou ingrédients dans des produits ménagers tels que les bains de bouche. Aux États-Unis, l'agence de protection de l’environnement (EPA) les liste même parmi les ingrédients approuvés dans la composition des désinfectants pouvant être utilisés contre le SRAS-CoV-2. 

De par sa nouveauté et son fort pouvoir d'infectieux, peu d'études ont été menées sur le virus SRAS-CoV-2 lui-même, mais plutôt sur des virus de substitution plus sûrs comme le coronavirus félin ou bovin. Une étude récente sur les produits contenant des quats a démontré leur efficacité contre le SRAS-CoV-2 pour des temps de contact courts, ce qui correspond bien à leur utilisation au quotidien. Le chlorure de benzalkonium est également connu pour être non toxique pour la peau, moins irritant que l'alcool et ininflammable. Comme l'alcool et les détergents, les quats sont efficaces contre les virus enveloppés, mais pas contre les virus non enveloppés.

Un grand avantage des quats est leur persistance sur la peau et les surfaces après application. Une étude a ainsi montré que le chlorure de benzalkonium avait une bonne activité antibactérienne sur la peau, et ce jusqu'à quatre heures après l'application (l'étude n'a pas été au-delà de quatre heures), tandis qu'un désinfectant pour les mains à base d'alcool montrait peu d'effet une heure seulement après l'application.

Quel est donc le meilleur désinfectant pour les mains ?

Les deux types de désinfectants pour les mains sont efficaces et pratiques pour éliminer ou inactiver les micro-organismes, à condition qu'ils soient utilisés correctement. Il faut donc utiliser la quantité adéquate, en appliquer sur la totalité des mains et respecter le temps de contact avec la peau pour les formules à base d'alcool.

Même si la concentration d'alcool d’un désinfectant pour les mains est suffisante, les autres ingrédients peuvent éventuellement affecter son efficacité. Le type de formulation peut ainsi le rendre trop coulant, trop collant et moins efficace en matière d'activité antimicrobienne. L'alcool présente un risque d'incendie et d'empoisonnement, en particulier pour les jeunes enfants qui peuvent ingérer des quantités toxiques issues de grands contenants.

Les désinfectants sans alcool sont une alternative viable aux produits à base d'alcool omniprésents. Aussi efficaces contre les micro-organismes, ils ont l'avantage d'offrir une protection plus durable, d'être doux pour la peau et globalement plus sûrs. Ils permettent également de réduire la pression sur l'approvisionnement en alcool.

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